Chapitre 3 - Quel est ton talon d'Achille Juna petit écureuil?

Riwal dessiné par Emilien Dumoulin Chaparu

Riwal se tourne dans son lit, il a bien chaud sous sa couverture moelleuse et depuis qu'il a réparé les fenêtres, il n'y a plus de courant d'air dans la cabane.

Il remplit le poêle à bois régulièrement maintenant, il fait bien chaud, même le matin.

Depuis qu'il a emménagé, beaucoup de choses ont changé ici.

Chaque jour, Juna le petit écureuil est venu l'aider à remettre sa cabane en état. Avec de la laine de bois, ils ont rebouché tous les trous et remis les fenêtres sur leurs gonds.

Mais le plus gros du travail a été le rangement. Partout, il y avait des caisses, des livres empilés et toutes sortes de bouteilles, de pots de pommade et de pots en terre cuite.

Des plantes séchées pendait du plafond, certaines étaient si poussiéreuses qu'elles ont fini directement dans le compost.

-« Je me demande ce qu'on va faire aujourd'hui ? « dit il à voix haute

Il prend peu à peu conscience qu'il se sent inhabituellement reposé et que c'est uniquement par plaisir qu'il n'ouvre pas les yeux.

Même en fermant les paupières, il fait bien clair dans sa cabane.

Maintenant, il ouvre quand même les yeux. Tout à coup, il se rend compte : d'habitude, c'est toujours l'écureuil qui le réveille.

Que Juna ne l'ait pas fait aujourd'hui est inhabituel.

-« Oh non, j'espère que ce n'est pas encore un nouveau genre de cours... »

Il se glisse rapidement dans ses vêtements et regarde l'heure

« 10 heures ? ! Il est déjà si tard ? »

Maintenant, il s'inquiète vraiment pour l'écureuil.

Il prend son manteau sur la porte, descend en courant les escaliers qui ne sont plus dangereux.

C'est un beau mais froid matin de novembre. S'il se souvient bien des explications de Juna, c'est bientôt la nouvelle lune. Cela signifie que le temps changera peu après.

Il s'arrête un instant (c'est ce que lui a appris l'écureuil) pour remercier, comme chaque matin, les dieux pour sa vie et une nouvelle journée.

Puis il se précipite de l'autre côté de la clairière, où se trouve la cabane de l'écureuil.

-« Juna, Juna ! Où es-tu ? Tout va bien ? Haaalllooo ! »

Pas de réponse

Riwal s'agite de plus en plus. Où est-elle donc Juna, elle est toujours si bien réveillée qu'il a du mal à imaginer qu'elle se contente de faire la grasse matinée.

En s'approchant, il voit de la fumée sortir de sa cheminée.

« Alors, elle est bien chez elle ! Qu'est-ce qui se passe ? »

La cabane est faite pour les écureuils, pas pour les apprentis druides.

Avec un peu de mal, il grimpe à l'échelle si étroite.

Arrivé en haut, il peut que regarder à travers les fenêtres. La porte d'entrée est tout juste aussi grande que la lanterne devant sa propre cabane. Il frappe prudemment à la porte avec un doigt.

- « Juna, es-tu là ? Je m'inquiète pour toi. »

Maintenant qu'il est plus près, il entend quelque chose.

Comme si quelqu'un gémissait ou se plaignait.

-« Juna, dis quelque chose ! »

Enfin une réponse, même si ce n'est pas celle qu'il attendait :

-« Va-t'en Riwal ! « et de nouveau les gémissements.

Maintenant, il ouvre la porte, il n'en peut plus.

-« Tu es sourd ? Je t'ai dit de partir, pas d'ouvrir la porte ! »

-« Je suis désolé Juna, je ne peux pas partir sans être sûr que tu vas bien »

-« Bien sûr que je vais bien » dit l'écureuil avec ironie.« Sans mon ventre, tout irait encore mieux! »

C'est alors qu'il la voit. Elle est recroquevillée dans son lit, le visage déformé par la douleur. Plusieurs couvertures la recouvrent et, malgré une bouillotte fumante, elle tremble comme si elle avait de la fièvre.

De temps en temps, elle se retourne d'un côté à l'autre et roule les yeux comme si elle allait s'évanouir.

-« Qu'est-ce que tu as au ventre pour être dans un tel état ? As-tu mangé quelque chose de mauvais ? »

-« Cela fait maintenant un mois que j'essaie de lui apprendre des choses et c'est tout ce qui lui vient à l'esprit ? « dit l'écureuil presque comme à lui-même.

C'est alors qu'il comprend : Juna est un écureuil, mais c'est surtout une fille !

Et comme un éclair de génie, il pense à sa sœur. Elle aussi se couchait une fois par mois et à l'époque, il avait toujours été jaloux parce qu'elle n'allait pas à l'école ces jours là.

-« Tu as tes règles ? « demande-t-il timidement.

« Le candidat a 100 points ! » s'exclame Juna d'un ton théâtral.

Et tout de suite après, elle se tortille à nouveau de douleur

-« S'il te plaît, va-t'en vraiment » dit-elle sérieusement

-“Je ne peux rien t'apprendre aujourd'hui et j'ai besoin de calme”.

Il ressent ces mots comme une injustice et se retourne avec tristesse. Il aurait pensé qu'elle lui ferait confiance, qu'elle lui demanderait son aide.

Mais il se sent impuissant, pourquoi ne lui disait-elle pas ce qui lui ferait du bien ?

Il se traîne jusqu'à sa cabane. Il fait les cent pas, inquiet.

Il doit bien y avoir quelque chose qu'il puisse faire.

Même s'il n'est pas encore un vrai druide, quelqu'un doit pouvoir lui apprendre comment se comporter dans un tel cas.

Il hésite à appeler à nouveau la déesse-mère Enya, mais il se souvient à quel point l'écureuil était hors de lui la dernière fois et laisse tomber.

Puis il pense à nouveau à sa sœur Eileen. Elle aussi avait des douleurs menstruelles, mais il ne l'avait jamais vue comme Juna aujourd'hui.

Et ce n'était certainement pas à cause du hibou Flynn qui se moquait d'elle :

-« Elle ressemble à un gant de toilette, pâle, molle et en sueur, elle devrait passer à la machine à laver ! »

Non, il se souvient maintenant que sa grand-mère lui préparait une sorte de potion de sorcière qu'elle lui servait toute la journée dans des tasses fumantes.

Perplexe, il se demande

« Qu'est-ce qu'il y avait dedans ? De la peau de serpent, des griffes de dragon et une plume de phénix mélangée à de la bave de crapaud ? »

Il grimasse,

« Non, grand-mère n'aurait jamais fait ça, sans compter qu'elle n'aurait pas trouvé une telle chose au marché du village. Non, ça devait être autre chose»

Tout à coup, il pensa au paquet ficelé qu'elle lui avait laissé.

Fébrile, il courut vers son sac à dos. Il était écrit sur le paquet qu'il en aurait besoin pour sa formation de druide. Il l'avait donc emporté, il en était sûr.

Il fouilla et tomba sur un petit livre. On pouvait y lire « Les recettes d'Alba ».

Il l'ouvrit et vit devant lui le titre

« Potion magique pour femmes - chaque femme devrait en avoir chez elle et en boire au moins une fois par mois ».

Ingrédient principal : achillée millefeuille

Ingrédients secondaires : feuilles de framboisier, vigne, verveine citronnée, mélisse «

« C'est exactement ça !» s'exclame-t-il triomphalement.

Il se souvient que dans le coffre, il y avait beaucoup de plantes médicinales séchées dans les tiroirs.

Il avait collé de belles étiquettes dessus et trouvait maintenant rapidement tout ce dont il avait besoin. Dans le cahier de recettes de sa grand-mère, un chapitre entier est consacré à l'achillée et il se promet de le lire plus tard avec plus d'attention.

Il ne voit que des mots par ci par là : antispasmodique, antihémorragique, régulateur hormonal, digestif, substances amères, anti-inflammatoire

« Si c'est mamie qui l'a noté, ça ne peut pas faire de mal à Juna... »

Il mélange donc le tout avec de l'eau dans le chaudron brûlant et attend que de petites bulles se forment à la surface.

Il verse rapidement le tout dans une bouteille thermos et prend en plus une pipette avec lui. Et déjà il est sur le retour vers la cabane de Juna.

Sur la petite échelle, Riwal tient en équilibre la bouteille thermos et la pipette dans une main et se cramponne aux échelons avec l'autre main.

-« Juna, je t'ai apporté quelque chose ».

-« Riwal, je n'ai pas faim, tu ne peux pas me laisser tranquille ? »

-« Non, Juna, tu m'écoutes maintenant ! J'ai fait la Potion magique pour femmes de grand-mère et ça va sûrement te faire du bien »

Et déjà il a rempli la pipette et la tend à Juna. L'écureuil renonce.

Lentement, elle boit goutte à goutte le breuvage de la pipette. Elle fait parfois la grimace, mais la boisson semble lui convenir. Lorsque la pipette est vide, elle en demande une autre. Puis elle se recouche. Elle a l'air plus calme.

-« Merci Riwal, je vais me recoucher. Je pense que ça va aller maintenant »

A peine a-t-elle dit cela qu'elle s'endort.

Cette fois, il redescend fièrement l'échelle. Il laisse la bouteille thermos et la pipette devant la cabane de Juna.

Il y a ajouté un petit mot « A boire aujourd'hui svp».

Il sait qu'il a fait le bon choix. De retour dans sa cabane, il relit le récit de sa grand-mère et se souvient que Flyn ne cessait de chanter

« L'achillée dans le ventre fait du bien à toutes les femmes ! »

----- à suivre ----

P.S.: Si toi aussi tu as des douleurs pendant des règles je peux t'aider avec la tisane du druide et bien d'autres choses

Prise de RDV ici : https://www.danielaherbaliste.com/book-online

© Illustration Emilien Dumoulin Chaparu